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dimanche, 27 avril 2008

Les larmes de madame Wang

Je n'avais pas trop l'intention de parler de ce très joli film mais pour Dasola... Je l'ai vu assez tard après sa sortie et je ne suis pas sûre qu'il soit encore projeté dans beaucoup de salles en France.

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 C'est le film d'un Coréen du sud, Cio Bingjan, mais qui se déroule en Chine.

Madame Wang est une jeune femme très jolie, artiste de l'opéra de Pékin au chômage.

(l'opéra de Pékin est un genre artistique et non un lieu)

Cette charmante personne qui n'a pas froid aux yeux se retrouve, après des déboires, dans l'obligation de gagner sa vie et se découvre un talent pour pleurer dans les enterrements.

Mais il ne s'agit pas tellement de pleurs. Comme vous le voyez sur l'affiche, où elle est en pleine activité dans un cortège funèbre, c'est plutôt une prestation d'artiste par laquelle elle accompagne le défunt, commémore sa mémoire, danse et chante.

On touche à un point important de la culture chinoise : la cérémonie funéraire. Comme le mariage, elle se doit d'être somptueuse. Ainsi madame Wang à un agent, son ancien petit ami. Elle passe même des auditions avant d'être embauchée par une famille  qui cherche  la meilleure pleureuse pour son défunt.

C'est aussi un film sur une jeune femme courageuse qui se bat pour vivre, avec un mari en prison, une petite fille abandonnée qu'on lui colle dans les bras.

Film brillant, drôle et jubilatoire ce que le titre n'annonce pas.

 

samedi, 26 avril 2008

Dazibao

Je suis une auditrice inconditionnelle de France-Inter. Ce qui agaçait mes enfants au temps où ils étaient à la maison. Pour eux la fonction d'une radio devait être alors de diffuser de la musique. Or moi j'aime bien les radios où on cause.

Raison nouvelle d'aimer ma  station préférée :

dans l'émission "Et pourtant elle tourne" de Mickael Thébault, le soir entre 18 heures et 19 heures, fenêtre sur le monde, une chronique de trois minutes le vendredi (18h 53)

Dazibao

qui ENFIN, présente la vraie Chine et la vie des Chinois au quotidien.

 

http://www.radiofrance.fr/franceinter/chro/dazibao/ 

de Dominique André 

Comme tout me monde, j'ai entendu l'annonce de la reprise des négociations avec le Dalaï-Lama.

Reprise, car elles sont entamées depuis longtemps.

Les émeutes de Lhassa les avaient, semble-t-il, interrompues.

Je défends les Chinois mais je sais aussi m'en méfier ! Reprise ne signifie pas aboutissement. Les routes de la négociation sont en Chine longues et sinueuses et il faut maîtriser la pratique du Ying et du Yang.

Peut-être aussi les Chinois ont-ils voulu offrir aux Occidentaux, embarrassés, la possibilité de participer à la cérémonie d'ouverture sans "perdre la face", notion fondamentale et pierre angulaire de la mentalité chinoise. 

 

vendredi, 25 avril 2008

En avril j'aurais dû...

Je termine la lecture d'un gros pavé romanesque passionnant dont je parlerai sans doute prochainement. L'action se déroule sur une année...entre 1913 et 1914.

Un petit extrait m'a plongée dans le doute...

 "...la maison était comme une ruche, avril étant le mois du grand ménage de printemps.(...) Il s'agissait de tirer dehors toutes les literies, de donner au matelassier celles dont la laine nécessitait un cardage, qu'il était venu checher en charrette, et les autres de les laisser s'aérer au soleil sur des tréteaux. Aussi les tapis et les rideaux décrochés, tendus sur les cordes, qu'on battait au balai de toute leur poussière d'hiver, et ceux de mousseline blanchis à l'eau  bleue, qui gonflaient au vent du verger.  Et dedans, il fallait  poncer, encaustiquer de cire fraîche les planchers et les meubles, raviver les miroirs, laver les marbres à la brosse ; nettoyer et fermer les cheminées qu'aucune cendre ne salirait plus jusqu'à l'automne; et encore inspecter les penderies, les ravages des mites ou des souris, renouveler les boules de naphtaline jusque dans les armoires."

Très, très lointains souvenirs. 

Et je me dis : voilà ce que j'aurais dû faire ce mois d'avril au lieu de

  • parcourir les blogues
  • plonger dans mes bouquins
  • batifoler dans la prairie de Bruno 
  • flâner en ville et passer à la librairie d'Aschab
  • prendre des leçons de grammaire avec Choubine
  • déjeuner avec mes copines
  • pousser ma petite-fille sur la balançoire
  • faire des gâteaux
  • ferrailler pour la Chine
  • rêver
  • buller
  • traîner sous la douche

Et vous ?

Vous le faites le ménage de printemps ? 

jeudi, 24 avril 2008

Les bons comptes font les bons amis

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J'ai reçu pour une nuit, une jeune femme venue passer à Lyon un concours dans la fonction publique.

Elle m'a été envoyée par le  réseau SAM qui permet aux demandeurs d'emploi d'être hébergés bénévolement, évitant une dépense que beaucoup d'entre eux ne pourraient pas se permettre. Pour le faible dérangement d'un repas et d'une paire de draps à laver, on peut aider quelqu'un à retrouver du travail. On peut aussi leur apporter un soutien pour lutter contre le stress de l'entretien d'embauche ou du concours. Avec cette jeune femme, historienne de formation, nous avons regardé le film de Moati sur Mitterrand à Vichy.

Mon invitée est actuellement bénéficiaire du RMI, après des années d'emplois précaires, elle avait pu recevoir une formation de grande qualité, préparant aux concours, dispensée par le Conseil général de son département.  Impossible pour elle de payer un hôtel d'autant qu'elle se déplace dans différentes villes de France.

Echangeant avec elle  sur sa situation, j'ai réalisé que tous les titulaires du RMI ne sont pas pris en compte dans les statistiques du chômage. Et pourtant combien sont-ils ?

De même que ceux qui travaillent à temps partiel.

Donc, quand on vous donne les statistiques du chômage, "foutage de gueule" comme dirait Aliscan. 

jeudi, 17 avril 2008

Le Résistant et les Haïtiens

Il y a deux semaines, nous avons reçu, au musée de la Résistance de Lyon, un groupe de lycéens haïtiens. Mon ami Georges, ancien Résistant, qui fut déporté à Mauthausen et témoigne dans les lycées, a de nouveau été mis à contribution.

Ces lycéens sont en classe de Première au lycée français Alexandre Dumas de Port-au-Prince, bien sûr des privilégiés. Dans ce lycée où se côtoient aujourd'hui descendants d'esclaves et descendants d'esclavagistes, le professeur d'Histoire organise chaque année un voyage sur les lieux de Mémoire, de l'esclavage, mais aussi, thème de cette année, de la dernière guerre mondiale.

Ainsi le groupe arrivait du fort du Joux, dans le Doubs, où est mort Toussaint Louverture, le grand héros haïtien libérateur. Auparavant les lycéens avaient visité Auschwitz.

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Ce musée  est situé dans les murs où le sinistre Barbie, chef de la Gestapo lyonnaise, torturait les Résistants , dont Jean Moulin. On y projette un film avec des extraits de son procès, constitué des dépositions de témoins faites à la barre. C'est particulièrement dur et émouvant, impossible ou presque de voir ce film sans pleurer. Pour ma part je l'ai regardé une fois et serais incapable de le revoir. Ce sont donc des adolescents très bouleversés que nous avons retrouvés après la séance. Notre "jeune homme" de 89 ans a détendu l'atmosphère en racontant  sa vie dans la Résistance et en concentration. Il est toujours très pudique sur les souffrances endurées se concentrant essentiellement sur ce qui l'a aidé à survivre.

 Il a même fait sourire les jeunes avec des anecdotes comme celle du vélo volé.

Quand il est entré dans la Résistance, on a exigé de Georges qu'il ait un vélo. Ne sachant comment s'en procurer un, il l'a volé à un soldat allemand sur les conseils d'un ami. Ainsi toute son activité de résistant, écourtée par son arestation, s'est faite avec un vélo de l'armée allemande.

 On a terminé par une séance de photos, notre Georges ayant, malgré son âge, toujours plaisir à se trouver en compagnie de jolies filles.

 

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Le groupe poursuivait sa route sur Nantes, la ville qui a eu le courage d'assumer son passé esclavagiste. L'an dernier, une élève a dit à l'un de ses professeurs : "j'espère ne pas retrouver le nom de ma famille", dans la liste des noms d'esclavagistes.

Les jeunes Haïtiens  sont rentrés chez eux pour  être confrontés aux émeutes de la faim, la pire des atteintes aux Droits de l'Homme. Le lycée français est fermé.

vendredi, 11 avril 2008

Il nous manque le vieil anar...

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Grâce au blog de Louis-Paul, j'ai lu une interview de Léo publiée en 1988.

J'ai retenu cette phrase :

 Que reste-t-il de 68 ?
Léo : Une porte entrouverte, en 68 les gens avaient 20 ans, ils en ont 40, ils sont dans la vie mais s'ils ont vieilli peut-être plus vite que d'autres. Mai 68, c'est Paul Castanier  qui a trouvé l'expression et que je cite : " Mai 68, disait-il, c'est la révolte collective de l'intelligence ", ça ne s'était jamais vu.

Aujourd'hui j'ai parfois le sentiment qu'on donne dans le "Prêt-à-penser". 

Ceci dit, j'ai quand même dû admettre, très récemment, dans des circonstances où j'ai joué la soixantehuitarde de service, que je retenais surtout de 68, mes vingt-ans. Je me suis rendue récemment à la Bibliothèque municipale de Lyon pour une présentation du Fonds chinois. 

J'ai traversé une salle dans laquelle on venait d'installer une exposition sur mai 68 à Lyon. Choc, en voyant une photo de ma Fac de Lettres telle qu'elle était en ce printemps mouvementé. Une exclamation de ma part  attire l'attention d'un cameraman que je n'avais pas remarqué. Interview :   je réalise que je suis plus dans la nostalgie de ma jeunesse que dans l'explication du mouvement. Pressée de ne pas arriver en retard, je n'ai même pas pensé à lui demander la destination de l'interview. Le soir, coup de fil d'un ami qui me dit : "Tout Lyon va savoir comment tu as connu ton mari." J'étais passée  aux infos locales de la Six et c'est tout ce que le copain en avait retenu.

 Voilà je vous laisse pour quelques jours. Je vous recommande une visite au blogue de mon poète préféré
qui est revenu,

si vous n'êtes pas arachnophobe. 

lundi, 07 avril 2008

Relire Pearl Buck..

139340965.jpgJacqueline de Romilly l'a souvent affirmé : pour comprendre le présent il faut faire un détour par le passé.

C'est particulièrement vrai pour la Chine et Pearl Buck peut nous y aider.

Cette romancière est partie en Chine à trois mois, à la fin du XIXème siècle, avec ses parents missionnaires. Elle a appris à parler le chinois avant sa propre langue c'est dire si son immersion a été complète. Son oeuvre, pour laquelle elle a obtenu le prix Nobel, est consacrée à la Chine et décrit l'ancienne Chine.  La Chine des empereurs où on passait d'une famine à l'autre.

J'ai relu récemment "Terre chinoise" où elle décrit la misère et les famines que nous n'avons pas connues en Europe, la soumission aux familles riches, aux chefs de guerre et aux brigands.

Cette Chine là explique l'apparente soumission des Chinois d'aujourd'hui.

Savez-vous quelle formule les Chinois utilisent, comme formule de politesse, à la place de notre "Comment ça va ?"

Pour eux c'est "avez-vous mangé ?" tant pour eux la hantise de mourir de faim est millénaire et encore présente, même aujourd'hui.

Difficile à comprendre pour nous qui luttons contre l'obésité et donnons des leçons de morale au monde entier.

Les manifestations contre le parcours de la flamme m'indignent très profondément car on oublie qu'elles affectent moins les dirigeants chinois,

qui s'en moquent car ils savent qu'on rampera devant eux le moment venu quand il s'agira d'accords commerciaux,

que la population chinoise qui se sent réellement humiliée et ne le mérite pas. 

J'ai lu dans Le Progrès ce week-end une longue interview d'un sinologue, Jean-Luc Domenach qui vient de publier "La Chine m'inquiète".1059148917.jpg

  "Au risque de choquer à nouveau, je dirai que le Tibet est certes un sujet d'inquiétude, mais qu'il n'est pas plus le grave concernant la Chine. La Chine est en train de devenir un grand pays grâce à un contrat entre le peuple et le pouvoir : je me tais si tu augmentes mes revenus, vous vous taisez et j'augmente vos revenus.... Nous avons connu ça en France sous le Général de Gaulle."

Il poursuit en expliquant que cet équilibre est déjà menacé par la progression des salaires chinois.

salaire moyen : 70 euros en 2002 et 150 euros en 2007.

La Chine termine ses "30 glorieuses"

Et Domenach annonce " Il y aura des incidents sociaux. Leur ampleur dépendra du degré de ralentissement de la croissance."

1095329659.jpg Voilà pourquoi je pense qu'il faut laisser les Chinois prendre en mains leur destin, sans leur faire la morale.

D'ailleurs, Domenach a des phrases assez dures contre nos "donneurs de leçons".

"J'aimerais aussi que nos grands défenseurs de la démocratie comprennent que la France vue de Chine, prête parfois à rire...

Quelle est cette démocratie qui vote contre une Europe qu'elle a céée et dont elle profite ? Qui regarde les insurrections se succéder dans ses banlieues sans réagir ? Qui n'inspire pas assez de respect à la femme de son président pour qu'elle le quitte après quelques mois de pouvoir ? Arrêtons de donner des leçons."

Pour ma part j'apprécie la position de "mon" gouvernement, celui de la mairie de Lyon.

C'est vrai que nous toujours eu,  à Lyon, une relation privilégiée avec la Chine, notre lien étant ce précieux fil de soie.

 


Jean-Michel Daclin, adjoint en charge du rayonnement international à la mairie de Lyon

“Le débat est historique : est-ce qu'il vaut mieux tenter de les ouvrir de l'intérieur ou les isoler ? Pour l'instant, les faits récents donnent à réfléchir. J'ai toujours été partisan de travailler avec les Chinois. Pour l'instant, ils ont une réaction qui n'est pas acceptable. On va voir comment ça va évoluer dans les semaines qui viennent. Il faut qu'on réfléchisse à la position à prendre. De toute façon notre position sera toujours positive : qu'est-ce qu'on peut apporter pour résoudre le problème ? Je me refuse à toute position moralisatrice. On sera toujours dans une logique de dialogue avec les Chinois, qui est très ancienne et que l'on veut conserver. On regarde en quoi nos bonnes relations avec les Chinois peuvent améliorer les choses”.


Et pour conclure, une remarque de mon président (dont je tais le nom car il déteste Internet) dans son dernier éditorial de la lettre aux adhérents de notre association (dont je tais également le nom pour les mêmes raisons)

"Dommage que les grands de la planète ne comprennent pas qu'un Chinois, dans sa pensée profonde, ne peut recevoir d'ordres mais par contre accepte la discussion sur les idées dans la voie du Yin et du Yang, c'est à dire sans aucun absolu."

Il est là le problème : nous n'utilisons que le Yang -force, fermeté- en oubliant le Yin -souplesse, douceur.

Comme tout le monde je suis convaincue que les Droits de l'homme ont une valeur universelle mais que la manière de les défendre ne peut être universelle et doit passer par la connaissance des peuples auxquels elle s'adresse.

 

 Balayons d'abord devant notre porte...C'est ce que je vais faire de ce pas.